SOEUR JEANNE HELENE – Archiviste


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Nos constitutions de l’après concile : 2è partie

Le texte de 1950 est complètement différent, formé de petits articles de style législatif, sans doute à cause de la parution du Code de Droit Canonique de 1917 et de la révision de nos Constitutions commencées en 1931. L’approbation définitive de ce nouveau texte fut donnée par le Pape Pie XII au cours d’une audience accordée le 13 juin 1949. Ce définitif n’a pas même duré vingt ans. En effet, le 25 janvier 1959, le Pape Jean XXIII, poussé par le  souffle de l’Esprit mettait toute l’Eglise en Concile. Pour expliquer comment la Congrégation a suivi le mouvement, j’ai repris les documents de deux chapitres, celui de 1965 et celui de 1968 (chapitre extraordinaire consacré à la rénovation des Constitutions).

 

Au Chapitre de 1959, les capitulantes avaient décidé le transfert de la Maison Généralice à Rome, ce qui fut réalisé en septembre 1962. Les membres du Conseil Général ont donc vécu leurs premières années à Rome au rythme du Concile d’autant plus qu’elles accueillaient l’Evêque de Chartres dans leurs locaux à chacune des sessions Cela aura une influence importante sur les réflexions des capitulantes au Chapitre de 1965 et même sur les élections et les conclusions de ce Chapitre. Dès le 21 novembre 1964, Mère Marie Paul BORD, Supérieure Générale, adressait à toutes les Sœurs de la Congrégation une circulaire à laquelle était joint un travail de préparation. Ce travail comprenait onze schémas sur la vie religieuse, schémas qui constituaient des titres de chapitres :

1 – But et esprit de la congrégation

2 – Notre spiritualité

3 – La profession religieuse

4 – La chasteté consacrée

5 – La vie de communauté

6 – Esprit de pauvreté (avec des questions)

7 – Le travail

8 – Vie d’obéissance

9 – Vie de prière

10 – L’apostolat

11 – La vie de prière

Dans la circulaire, on peut lire cette phrase : « Je souhaite que cette préparation se fasse dans l’esprit du Concile, avec une conscience aiguë de notre appartenance à l’Eglise et du rôle que nous devons jouer dans le monde d’aujourd’hui ».

 

A la même date, une longue circulaire était adressée aux Supérieures Provinciales pour leur donner des instructions concernant le Chapitre Provincial et la session d’informations précédant le chapitre général. On y trouve d’abord le rappel du double but du Chapitre Provincial :

a) élections des déléguées au Chapitre Général

b) étude des problèmes de la Province. Puis viennent des points importants avec des questions auxquelles les supérieures provinciales doivent réfléchir :

1 – la formation à la vie religieuse

2– les études religieuses et la formation professionnelle

3 – le conseil local

4 – les rapports entre conseil provincial et les supérieures locales

5 – l’Office

6 – les suffrages des défunts

7 – les coutumes

8 – Habit religieux

9 – Rôle apostolique spécial. Une autre feuille donne les indications pour l’élection des déléguées au Chapitre Général : nombre de déléguées, mode d’élection et procédure.

Nos Constitutions de l’après Concile – 3e partie

La circulaire suivante (non datée) ayant pour titre : « Questions à étudier obligatoirement au Chapitre provincial » débute comme ceci :

« Etant donné les nombreux desiderata qui nous parviennent sur les trois questions suivantes, nous prions nos Mères provinciales et principales de bien vouloir les étudier à la réunion du Chapitre provincial ou de District et de nous envoyer le résultat des votes sur chacune.

1 – Changement du Petit Office de la Ste Vierge

2 – Retours en famille

3 – Changement de la cornette ».(3)

Chacune de ces questions comporte presque une demi-page d’explications et, pour la dernière, les avis de deux canonistes assez bien connus des sœurs et la forme des réponses à donner.

Les derniers jours du mois d’août voient converger vers Chartres toutes les capitulantes pour le Chapitre général qui débute le 1er septembre. La maison généralice de Rome n’était pas encore assez grande pour accueillir tant de monde. Le 9 septembre au soir, un nouveau conseil général est élu dans lequel sont entrées une sœur d’Irlande, une du Canada et une du Vietnam et la secrétaire est italienne. Pour la première fois, le conseil Général est ouvert à l’internationalité.

Les actes capitulaires ont changé aussi dans leur présentation. Pas de texte imprimé mais seulement des polycopies de textes plus ou moins longs relatifs aux vœux : Vie de chasteté, vie de pauvreté, vie d’obéissance, puis à la vie de prière, la vie de communauté, la vie apostolique et la formation des religieuses.

Je ne puis m’empêcher de vous lire la circulaire de Mère Marie Paul, écrite le 8 décembre 1965 et qui accompagne tous ces documents : « Nous sommes sur la Place Saint Pierre, attendant l’ouverture de la dernière cérémonie du Concile. La foule grossit de minute en minute autour de nous et je pense à vous toutes qui, au moyen de la télévision ou sans elle, êtes orientées en cette matinée vers Rome. »

« Le Concile est fini. Mais l’Eglise vit. Et nous vivons en Elle. Comme sur cette place Saint Pierre, mêlées d’une façon à la fois très personnelle et très anonyme au sein du Peuple de Dieu, nous continuons à vivre dans l’Eglise, au milieu du monde. C’est un moment d’une extraordinaire plénitude ». On dirait que le Concile, une dernière fois assemblé voudrait projeter sur le monde, avant la grande dispersion, toute la richesse accumulée dans ces cœurs d’hommes et de Pasteurs pendant ces années de vie, de prière, de recherche commune.

« Aussi, je cherche ce que je pourrais vous souhaiter encore, en vous offrant mes vœux de Noël. Peut-être, tout simplement, de garder toutes ces choses dans vos cœurs, comme la Vierge Marie.

« Les garder avec beaucoup d’amour, beaucoup de reconnaissance, dans une adhésion filiale très simple à l’Eglise.

Les garder avec beaucoup d’humilité afin de ne pas les dégrader en substituant notre interprétation à la pureté de leur contenu ; Les garder avec une grande conviction ; Conviction que le message qui nous est donné est grand ; qu’il nous vient de l’Eglise et qu’il nous concerne ; que notre vie profonde doit en être renouvelée.

A l’œuvre donc, avec courage, pendant l’année qui vient. Répondons à l’appel du Concile à toutes les femmes : Soyons les gardiennes de la vie, les gardiennes de l’amour désintéressé, les éducatrices du courage, les gardiennes de la paix. Que la Charité du Christ nous en rende capables ! » (4)

– (à suivre)